Je pense à vous

27 janvier 2011

Je pense à vous

 

Je pense à vous femmes, à votre ventre si lourd

D’avoir trop espéré enfanter encore un amour

Votre utérus vacant d’une ovulation qui trompe

Est reçu par votre linge sorti en grande pompe

Φ 

Je pense à vous nos enfants, jamais nés à ce jour

Je pense à vos cris, des appels muets aux sourds

Vos repos éternels, votre mémoire qui s’estompe

Vous ovules translucides tels des œufs de lompe

 Φ

Je pense à vous sœurs en des contrées sauvages

Le dos voûté sous un esclavage d’un autre âge

Rimmel coulant par delà des yeux trop liquides

Je pense à vos faces telles des effigies livides

Φ 

Je pense à vous mères vendant précieux charnel

Yeux et cœur las de mère d’âme poids d’éternel

Vos chairs arrachées en frêle première moisson

Vos torrents de pluie chaude défiant mousson

 Φ

Je pense à vous pères qui en courbatures pliés

Vos peintures vives laissées en gestes déliés

Je pense à vos rêves enfuis vite d’en vos cœurs

Les vestiges d’hier coulant noirs de vos pleurs

Φ 

Je pense à vous pairs qui luttez contre le fleuve

Tandis que cette vie des épreuves vous abreuve

Je pense à votre espoir pâle reflet de lune morte

Vos cœurs battants martelant cet abime de porte

Φ 

Je pense à vous frères d’un sang d’autres mêlé

Vos luttes brisées martelées dans pays fêlé

Cette foi telle une cathédrale érigée splendeur

Je pense à vous et pleure, moi votre demi-sœur

 Φ

Je pense à nous tous humains vaquant l’œil vide

De lendemains morts nés d’un destin fait sordide

Je pense à nos clameurs telles un ressac de mer

Je pense à nos vies tracées au goût de l’amer

Φ

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