Trois de mon insomnie, trois de ma vie

Trois de mon insomnie, trois de ma vie

11 août 2010

Ouvrière d’amour, je vis l’envers d’un Germinal

Sans leur amour, cancéreuse en phase terminale

Comme je voudrais jouer mon propre Assommoir

Boire, m’enivrer, m’annihiler à cet abreuvoir

Mais mon esprit clair, précis et par trop lucide

Me fait regarder en face cette vérité aride

Le deuil en âme, le regard creux, le cœur en trépas

J’ouvre leurs chambres et compte, zéro, ils ne sont pas là

Quel incurable, triste mal que la lucidité

Que n’ai-je, de légende, été blonde écervelée

Mais dieu m’a faite, du cliché, la ténébreuse brune

Je cède encore, l’esprit las, à ce tourment nocturne

L’instant suspendu, cru, de leur si belle naissance

Joue à l’infini dans ma douloureuse conscience

En rêve, je les étreints fort, l’amour nous réunit

Mais insomniaque sans eux, j’inspire et je crie

Je vomis ma douleur sur les murs de mon cercueil

Cherchant à clouer leur douce image à mon œil

J’ouvre la bouche, j’inspire, je crie, encore et encore

Tandis qu’au dehors la nuit noire se colore d’aurore

Le jour plat arrive enfin et je n’ai plus de voix

Blanche, lavée, épurée de mes nocturnes émois

Ma dame de compagnie me sert le déjeuner

Je le regarde, l’œil morne, ce plat que je vomirai

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