Trois de mon insomnie, trois de ma vie
11 août 2010
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Ouvrière d’amour, je vis l’envers d’un Germinal
Sans leur amour, cancéreuse en phase terminale
Comme je voudrais jouer mon propre Assommoir
Boire, m’enivrer, m’annihiler à cet abreuvoir
…
Mais mon esprit clair, précis et par trop lucide
Me fait regarder en face cette vérité aride
Le deuil en âme, le regard creux, le cœur en trépas
J’ouvre leurs chambres et compte, zéro, ils ne sont pas là
….
Quel incurable, triste mal que la lucidité
Que n’ai-je, de légende, été blonde écervelée
Mais dieu m’a faite, du cliché, la ténébreuse brune
Je cède encore, l’esprit las, à ce tourment nocturne
…
L’instant suspendu, cru, de leur si belle naissance
Joue à l’infini dans ma douloureuse conscience
En rêve, je les étreints fort, l’amour nous réunit
Mais insomniaque sans eux, j’inspire et je crie
…
Je vomis ma douleur sur les murs de mon cercueil
Cherchant à clouer leur douce image à mon œil
J’ouvre la bouche, j’inspire, je crie, encore et encore
Tandis qu’au dehors la nuit noire se colore d’aurore
…
Le jour plat arrive enfin et je n’ai plus de voix
Blanche, lavée, épurée de mes nocturnes émois
Ma dame de compagnie me sert le déjeuner
Je le regarde, l’œil morne, ce plat que je vomirai